jeudi 6 juin 2013

RDC: plus de culture, plus de développement


Tout le monde entend parler de mondialisation. Il faut subdiviser cette montre en trois parties pour en maîtriser la logique. La mondialisation économique a triomphé avec le libéralisme économique; la mondialisation politique est en passe de l’être avec l’imposition de la démocratie comme unique système gouvernemental dans tous les pays du monde. Mais là où la mondialisation peine à s’imposer, c’est au niveau culturel où personne n’entend se faire engloutir la culture de l’autre. Les grandes nations ont commencé à s’entretuer sur la question culturelle contestant, au passage, l’hégémonie culturelle américaine. La France a évoqué l’exception culturelle. Bref, la culture est aujourd’hui une question de vie ou de mort. Pour en atténuer la violence, on évoque de plus en plus la dimension interculturelle de la vie humaine. C’est dire combien chaque peuple reste attaché à ses racines culturelles.

La culture est devenue pour cela le dernier refuge de chaque peuple. Et c’est avec raison que chaque gouvernement du monde dispose d’un ministère chargé de la culture. Toute la difficulté réside aujourd’hui dans le caractère complexe de ladite culture; on sait qu’il existe la culture élitiste, la culture populaire et la culture de masse. Si le gouvernement consacre ainsi l’importance à la culture, il lui faut procéder par un bon dosage entre ces trois types de culture, avec une primauté accordée à la forme élitiste car c’est elle qui nous permet de rivaliser avec d’autres. C’est même cette culture qui est au principe de la distinction sociale.
Mais il se trouve que la culture de masse est en passe de supplanter l’élitiste. La culture populaire ne bénéficie que de très peu d’attention tant chacun de nous entend être classifié. Toutefois, quelle que soit la forme de culture avec laquelle on doit traiter, la chose la plus importante est de savoir l’assumer, en être fier comme les chantres de la négritude. A l’heure époque, le noir était une insulte mais ils ont réussi à faire de lui quelqu'un de respectable et de beau: «Black is beautiful!».
En assumant leur culture, ils ont posé les jalons du développement de nos pays respectifs mais par un souci d’acculturation, nous ne les avons pas suivis. Aujourd’hui, plus que des métis culturels, nous ne savons même pas nous situer sur l’échiquier culturel. Nous nous disons modernes, mais nous ne savons même pas comment assumer ladite modernité. Nous avons honte de notre culture.
Pourtant, si la culture est l’âme d’un peuple, sa fierté réside dans l’attachement que lui vouent ses enfants. Dès lors que nous négligeons le premier aspect de notre culture, à savoir la langue, nous sommes un peuple vendu. Combien de jeunes savent parler à la perfection la langue ou les langues de leurs parents? Si la langue est le véhicule de notre héritage culturel, nous ne devons pas rougir de la manier car l’oubli de nos langues est le symbole de la mort de notre culture. Si nous n’avons pas de culture, il est illusoire de penser développement. Tout vrai développement a pour principal socle la culture; c’est la culture qui sous-tend la science et la technique; c’est elle qui nous permet de travailler pour sortir de l’état actuel de notre société pour un état beaucoup plus acceptable.

Il est regrettable que la culture dans notre pays soit réduite à sa plus simple expression et à un seul domaine: la musique. Même alors, cette musique n’est pas le véhicule de la vision du monde des congolais mais plutôt l'expression de sa relation à l’autre. L’autre que l’amour sensuel tend à réifier plutôt qu’à valoriser; l’autre qui, du fait de ses mérites, devient un ennemi à abattre; l’autre pour qui nous prenons la chicane pour l’anéantir tant sa présence nous gêne énormément. Le respect de l’autre est aussi une dimension culturelle sans laquelle nous ne pourrons jamais nous développer. Car la bataille du développement ne saurait être gagnée de manière cavalière: il nous faut nous unir pour bâtir ensemble un autre Congo, ce Congo de nos rêves que  nous n’avons cessé d’évoquer chaque fois que nous exécutons notre hymne national.

1 commentaire:

  1. Je me demande toujours ce que nous avons fait de nos cultures? Cet article me rappelle ce que j'ai à apprendre de ma culture

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